MANGROVE
Pour définir Mangrove, il faut une image.
Une image animée : un robot low-tech, façon révolution industrielle, tout en rouages et boulons rouillés.
La créature avance de façon erratique, comme assaillie par des milliers de dysfonctionnements internes qui syncopent sa démarche épileptique. C'est d'abord ça, Mangrove.
Un robot dont les fonctions motrices semblent contrôlées par un duo basse - batterie absolument synchrone, pétri d'influences indus et electro (Igor Hausen Lowe et Sebx). C'est un tapis sonore sur lequel la voix d'Alexandre M s'envole. Ce guitariste shoegaze s'impose dans le torse, les bras, la tête du personnage de fer pour mieux y cacher sa timidité. Celui-là joue de son instrument comme d'une tronçonneuse, de la même manière que s'il devait sculpter avec sa guitare les pièces métalliques composant le droïde.
Tout Mangrove ne s'encombre pas de violence ni de démonstration prétentieuse de virtuosité ; place ici à l'ombre de la dissonance, aux crissements des amplis traités comme instruments frondeurs.
Vient enfin ce qui guide personnage mécanique : la voix peu commune de ce chanteur étrange, avec ses accents à la Morrissey, en douceur toujours, sans excès, dont la poésie inattendue enveloppe le son brut de la musique qui l'entraîne.