Formé à la chanson et à la guitare dans sa jeunesse à l'école Aufray-Allwright, motivé à l'écriture par Vian, Ferrat, Béranger... mûri par Brassens et Moustaki, touché par Perret, émoustillé par Renaud ... on retrouve un peu de chacun dans son oeuvre, même si le mélange final ne ressemble à rien de tout cela, ni à quelque autre chanteur connu : c'est du Francis WEILL, avec son style, sa personnalité.
La force de ses chansons réside dans les textes, à l'écriture peaufinée, réfléchie, à la facture plutôt littéraire, et toujours chargés de sens, même dans la fantaisie. Le choix des mots, l'expression sans détours, le débit et le soin porté à l'articulation en font des chansons dont on aborde facilement le contenu, dont on perçoit vite le(s) message(s). On y parle de la société, la télé, le métro, la pollution, le climat, la Louisiane, la grippe aviaire, la politique, l'alcool et les autres drogues licites ; on y croise Dieu, Brassens, un faux Père Noël rappeur, un facteur, un hypocondriaque, un acteur de films pornos ; on y fustige l'intolérance, l'indifférence, la cupidité, la violence, l'injustice, le mensonge, le conditionnement ...
D'un tempérament gai, espiègle, facétieux, plein d'entrain et de bonne humeur, on rit beaucoup en l'écoutant. Toutefois, dans un deuxième temps, lorsque l'on s'intéresse au texte, on se rend vite compte que sa plume est trempée dans le vitriol. C'est juste, c'est le reflet de la vie. Ça peut être tendre ou féroce, drôle, coquin, parfois franchement rieur, mais aussi polémique ou revendicatif. Bref, on ne s'ennuie pas. Pourtant, tout cela n'est ni frivole ni gratuit. Autant de chansons drôles sur des sujets sérieux.
Les mélodies sont agréables, faciles à mémoriser et à reprendre et les rythmes sont tout aussi variés que les thèmes abordés, allant du jazz à la java en passant par le blues, le rock, le reggae, le rap, la biguine, le folk, la ballade ou la chanson classique ; les accompagnements sont simples et le style naturellement « swing » inspire fortement les musiciens qui enrichissent les morceaux avec finesse et complicité et leur donne du relief et une couleur particulière.
On quitte un récital de Francis Weill avec le sentiment d'avoir vécu un de ces moments de liberté où l'on respire mieux et où l'on redécouvre que la bonne chanson française existe encore. Pas celle qui produit les tubes et les hit-parades mais celle qui a quelque chose à dire, pour un public qui sait tendre l'oreille sans se prendre trop au sérieux.